Mois Sans Tabac : À la découverte d’Aviane Auguste, chercheur financé par le Comité
LE TABAC EST UN DES FACTEURS DE RISQUE CONNUS DE CES CANCERS, ET IL EST LE FACTEUR PRINCIPAL AUX ANTILLES FRANÇAISES
Bonjour Monsieur AUGUSTE, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Merci pour cette invitation. Je m’appelle Aviane AUGUSTE, j’ai 30 ans et je suis chercheur en Épidémiologie. Je travaille actuellement à l’institut Gustave ROUSSY au sein de l’équipe Exposome et Hérédité au CESP (Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations).
Le Comité 35 a financé votre projet de Recherche en 2019 intitulé « Epidémiologie des cancers des voies aéro-digestives supérieures aux Antilles françaises : facteurs de risques comportementaux, viraux et environnementaux » pouvez-vous nous en dire plus ?
Tout d’abord, je veux remercier le comité 35. Ce financement m’a permis d’effectuer ma Thèse au sein du laboratoire Inserm 1085 en Guadeloupe. Nous avons mené une enquête épidémiologique pour investiguer les facteurs associés à l’incidence des cancers des voies aérodigestives supérieures aux Antilles Françaises (Guadeloupe et Martinique). Notre hypothèse de départ était que le papillomavirus aurait un rôle important dans l’incidence de ces cancers, voire plus important que le tabac et l’alcool. Après avoir identifié les facteurs de risque de ces cancers nous avons étudié leur impact. Cela a permis d’identifier les facteurs prioritaires à cibler pour la prévention aux Antilles.
Nous sommes actuellement en plein mois sans tabac, mois dédié à la lutte contre le tabac, forcément cela fait écho à vos travaux ?
Oui, en effet. Le tabac est un des facteurs de risque connus de ces cancers, et il est le facteur principal aux Antilles Françaises. Notre enquête a révélé que 65% des cas de cancer étaient attribuables au tabagisme. Le risque de cancer était plus élevé chez les hommes et chez les personnes de moins de 60 ans. Ces disparités étaient principalement dues au tabac.
Quels moyens (techniques…) avez-vous utilisé pour développer vos études ?
Nous avons étudié environ 150 cas de cancer et 500 personnes dans la population générale. Ensuite nous avons comparé la fréquence d’exposition à différents facteurs chez les personnes atteintes d’un cancer et dans la population Antillaise. Des modélisations statistiques nous ont permis de comparer nos deux populations en prenant en compte les facteurs de confusion essentiels.
Quelles sont les conclusions que vous avez pu mettre en évidence ?
Contrairement à notre hypothèse de départ, le tabac et l’alcool sont les principaux facteurs de risque de cancers des voies aéro-digestives supérieures aux Antilles Françaises. Nous avons également mis en évidence un risque augmenté chez les travailleurs des cultures de banane. Étant donné le rôle prépondérant des facteurs de risque dits « modifiables », de nombreuses opportunités de prévention se présentent. Vaccination contre le HPV, et également le développement et le soutien des programmes favorisant l’arrêt du tabac.
Avez-vous des perspectives d’évolution sur le sujet ?
Depuis ma thèse en Épidémiologie en Guadeloupe, je continue de mener des travaux de recherches sur cette même thématique. Notamment dans d’autres populations comme celles issues de descendants Africains car elles comportent des caractéristiques génétiques sociales et démographiques spécifiques.
À l’avenir, avez-vous de nouveaux projets d’études autour des cancers liés au tabac ?
Oui, bien sûr ! Grâce à ma thèse et au soutien du Comité 35, j’ai développé une réelle expertise épidémiologique sur l’exposition au tabac et je m’épanouis pleinement dans cette thématique. Je trouve qu’il reste encore beaucoup de sujets à explorer et la mise en place d’actions de prévention en France et dans le monde est pertinente. Par ailleurs, je suis lauréat de l’institut national du cancer (INCA) pour mener un projet de recherche sur les addictions au tabac et à l’alcool en Guadeloupe. Les résultats seront présentés dans les prochaines années.
