Septembre en Or : Interview de Virginie GANDEMER

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CETTE ÉTUDE A MIS EN ÉVIDENCE LA NÉCESSITÉ DE METTRE EN PLACE UN SUIVI PROSPECTIF POUR LES PATIENTS À RISQUE.

 

Aujourd'hui dernier volet de nos rencontres autour de Septembre en Or, mois dédié à la lutte contre les cancers pédiatriques. L'occasion de terminer ce tour d'horizon avec la rencontre de Virginie GANDEMER, Chercheuse financée par le Comité autour des cancers pédiatriques. 

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Bonjour Madame GANDEMER, le Comité 35 a financé votre projet de Recherche en 2019 intitulé « Devenir à long terme des nécroses osseuses symptomatiques au sein de la cohorte LEA ( Leucémies Enfants Adolescents ) » pouvez-vous nous en dire plus ?

 

L’objectif principal de cette étude était de décrire les particularités cliniques et radiologiques des ostéonécroses survenant dans le cadre des traitements de leucémies aigues. Nous souhaitions aussi dégager d’éventuels facteurs de risque de survenue et mieux anticiper leur évolution radiologique et donc clinique afin d’éviter leur constitution ou au moins minimiser leur retentissement fonctionnel. En effet ces nécroses osseuses sont pourvoyeuses de destruction des articulations et conduisent à des douleurs importantes et la nécessité de mise en place de prothèses articulaires dès la 2ème ou 3ème décennie de vie ! Nous avons ainsi complété notre étude par une analyse de la qualité de vie des patients.

 

Nous sommes actuellement en plein mois de septembre en Or, mois dédié à la lutte contre les cancers de l’enfant ? Forcément cela fait écho à vos travaux ?

 

Evidemment ! Le travail des oncopédiatres visent à guérir toujours plus de petits patients mais aussi à les guérir mieux c'est-à-dire à impacter le moins possible leur santé à long terme. Les cohortes de suivi à long terme ont bien montré l’importance de suivre les patients au long cours afin de prévenir et traiter d’éventuelles complications. Ces complications sont le plus souvent non soupçonnées par les médecins traitants car inhabituelles à leur âge de survenue par rapport à la population générale. Une information adaptée des patients et la création de structures de coordination et de suivi sont nécessaire afin de réaliser ces objectifs. La stratégie décennale de lutte contre le cancer aborde d’ailleurs pour la 1ère fois cette préoccupation et nous travaillons avec l’INCa sur la mise en place de dispositifs adaptés au risque (supputé) de séquelles à long terme de chaque patient.

 

Ce travail n’exclut pas la nécessité de développer des traitements innovants pour les cancers qui restent trop mal guéris et aussi à modifier les stratégies thérapeutiques existantes utilisant les médicaments de chimiothérapie pour des thérapies qui ciblent les mécanismes ayant conduit les cellules à devenir tumorales.

 

Quels moyens ( techniques…) avez-vous utilisé pour développer vos études et quelles sont les conclusions que vous avez pu mettre en évidence ?

 

Le support du programme de recherche et de soins LEA (Leucémies Enfants Adolescents) a permis de retrouver les patients traités pour leucémies aigues il y a plus de 10 ans afin d’analyser la survenue et l’évolution d’ostéonécroses. Nous avons ensuite cherché les radiographies et IRM réalisées dans divers établissements au décours de cette complication et étudié le retentissement fonctionnel de ces lésions.

 

Nous avons ainsi mis en évidence 129 ostéonécroses sur 4608 patients éligibles soit chez 2.5% des enfants traités pour leucémies aigues. Les facteurs de risque étaient un âge supérieur à 10 ans, le sexe féminin et un traitement pour leucémie lymphoblastique ou une allogreffe de cellules souches hématopoiétiques. La plupart du temps l’ostéonécrose survenait sur les articulations portantes (surtout les hanches) et atteignaient en fait sur l’imagerie déjà plusieurs articulations dans 69% des cas. Dans la moitié des cas, le diagnostic était porté au stade tardif de déformation de l’articulation c'est-à-dire trop tard pour éviter la nécessité d’une prothèse. Ainsi la qualité de vie des adolescents et des adultes étaient altérées dans plusieurs domaines, même par rapport à l’ensemble de la cohorte de patients traités pour leucémie aigüe dans l’enfance, et ceci d’emblée et sans réelle amélioration avec le temps.

 

Cette étude a mis en évidence la nécessité de mettre en place un suivi prospectif pour les patients à risque et de développer des études biologiques afin de mieux comprendre puis prévenir les mécanismes de survenue.

 

A l’avenir, avez-vous de nouveaux projets d’études autour des cancers pédiatriques ?

 

Nous poursuivons plusieurs recherches sur les mécanismes de survenue des rechutes de leucémies sur le rôle du terrain génétique sous jacent dans la survenue des cancers mais aussi des complications à long terme. Plus généralement nous poursuivons nos recherches sur l’impact sur la scolarité après un cancer dans l’enfance, projet soutenu dans le passé par la LNCC.

 

Un grand merci à Virginie GANDEMER pour ce temps de rencontre qui ponctue ce mois de septembre dédié aux cancers pédiatriques. Maintenant cap sur Octobre Rose ! 

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